jeudi 21 octobre 2010

Comment j'ai liquidé le siècle ....

C'est le titre du roman de  ... Flore VasseurExcellent et passionnant roman !!
Voici un passage savoureux et fort qui vous donnera le ton caustique du livre.
"... Mais comment former mille gus à la déontologie, cette matière molle, en un temps record et sans toucher à leur productivité ? Mouton et la flopée d'énarques qui l'entourait n'hésitèrent pas longtemps: Le Crédit Général déboursa une fortune pour un logiciel de ressources humaines révolutionnaire: une formation en ligne. Pendant une semaine, nous fûmes d'astreinte à l'heure du déjeuner. La banque faisait livrer à nos postes des sushis qui puaien t l'ammoniaque. Les mains dégoulinantes de wasabi, nous suivîmes les instructions crachées par nos écrans tout en lisant l'Equipe. Chaque session de 45' bloquait la navigation sur nos postes. Elle se terminait par un petit test auquel nous répondions au hasardpar quelques clics de souris.Le vendredi, pendant la dernière session, Bloomberg TV avait tiré le signal d'alarme: à Londres, le cuivre s'effondrait. Nos ordinateurs ploqués par le logiciel de formation, nous étions privés d'accès à nos bases de données. Nous avions regardé le cours dégringoler, impuissants et en rage. Quand la formation s'était arrêtée, chacun de nous avait imprimé le diplôme en ligne qui cloturait cette vaste fumisterie. Nous les avions collés au mur avec du scotch pour mieux comparer nos scores. Le plus nul reçut le Tarviel d'Or. "
Sinon pour plus d'informations regardez cet excellent interview de Flore :

vendredi 11 juin 2010

Le monde s'en va-t-en guerre (ne sait quand reviendra)

505034468.jpgCe qui est marquant dans l'excellent livre de Philippe Dessertine ce n'est pas l'analyse brillante, lucide et libre qu'il nous propose mais beaucoup plus les conclusions auxquelles il arrive vers la fin du livre ainsi que le ton du livre beaucoup plus direct et moins "diplomate" que les interventions que l'on peut voir de lui (cf vidéos france Info par9782843375392.gif exemple). C'est pour cela qu'il faut lire ce livre ainsi que son précédent aussi : "Ceci n'est pas une crise, juste la fin d'un monde"
Mais qui est Philippe Dessertine ? On apprend sur wikipédia que Philippe Dessertine est dans "l'establishment", directeur de l'Institut des Hautes Finances et membre de la commission sur le grand emprunt Rocard/Juppé.
Au delà de ces quelques infos de wikipédia voici une vidéo de lui qui présente le livre... mais qui ne met pas du tout en avant son coté subversif et révolutionnaire:


Urgences, évolutions de fond:
1) stopper la spirale de la dette venant des US
2) imposer plus de transparence à la Chine
3) se plonger dans le numérique
Voici quelques passages détonnants je trouve au delà des banalités traditionnelles et qui amènent beaucoup de questions :
A propos de la mondialisation:
" La mondialisation est l'élévation concrète, pièce par pièce, du niveau de vie des populations occidentales dans leur totalité. Cette vérité peut être assénée de la sorte: la totalité des peuples dominants a profité de l'exploitation des esclaves de ces pays émergents présentés aujourd'hui comme une menace diffuse - soyons positifs : des esclaves affranchis. La mondialisation a débuté dès la fin des colonies, avec la perspective d'une libération progressive. Mais le plus tard possible. Il se trouve que le terme est arrivé."
"L'illusion doit être dissipée. La mondialisation est le redécoupage d'un gâteau, un peu plus grand, mais pas beaucoup. En clair, une telle approche suppose le transfert d'une zone à l'autre. Pour que les pauvres deviennent plus riches, il faut que les riches (nous) deviennent (un peu) plus pauvres."
"Oui les usines sont créées dans des zones de très, très haute pauvreté. Voilà la vérité. Et les gens démunis qui seront embauchés seront payés à des salaires ridicules, mais à l'arrivée, ils seront un tout petit peu plus riches qu'auparavant. Et ce tout petit peu signifie beaucoup les concernant, figurez-vous."
A propos du capitalisme, de la confiance, de la démocratie:
"Au fond, ce que redoute par dessus tout le financeur, c'est la surprise. Même bonne, car elle est symétrique de l'autre situation, la mauvaise nouvelle imprévue, ou du moins non annoncée. Nous avons gagné plus qu'attendu, vous allez être content !  Pourquoi devrais-je être content ? Vous même ne l'aviez pas anticipé ? "
"La vérification est continuelle, le flux d'informations ne doit pas se ralentir, les données sont échangées aussi souvent que nécessaire, en privilégiant d'abord celles qui pourraient influencer les profits futurs, donc la valeur finale de l'investissement. Plus les informations sont précises, continues, fréquentes, plus les hypothèses peuvent être sans cesse comparées, revérifiées, affinées. Ainsi s'instaure la confiance. Il est passionant de constater combien la logique d'économie de marché est l'alliance d'une expression réductrice des rapports humains: la rentabilité, le gain espéré, froid, basique; en contrepoint d'un ingrédient majeur, inconstant, évanescnet, parfois très irrationnel d'apparence: la confiance."
" Oui le capitalisme a une parenté, parfois incestueuse, avec la démocratie, avec la liberté, en particulier avec la liberté d'informer. Pour autant ne nous laissons pas bercer par une illusion candide, mot d'ailleurs abhorré par tout businessman digne de ce nom. Les acteurs principaux n'ont pas pour mission de défendre le système en général. Il est souvent étrange de juxtaposer des termes ayant si peu de capillarité: "entreprise citoyenne", "capitalisme moral".
"il ne s'agit pas d'introduire de la générosité ou l'altruisme dans un univers qui est incapable d'intégrer pareille dimension dans son raisonnement."
Cette anecdote pour illustrer:
"Les conseillers de Roosevelt, effrayés de la réputation désastreuse de Kennedy, suggérèrent que le choix (d'un patron de la Securities & Exchange Commission - SEC) n'était pas pertinent. Roosevelt leur répondit: pour encadrer ce monde de pourris, j'ai pris le meilleur d'entre eux."
"La synthèse impossible consisterait à unir capitalisme et humanisme. Mais il s'agit là d'une utopie pas même souhaitable. Le mariage de la carpe et du lapin ne rendrait heureux ni l'une ni l'autre. L'illusion d'une morale partagée par tous, dans le monde des affaires, relève d'un idéalisme naïf."
A propos de la finance et de ses errements:
Quand l'argent est trop abondant en regard des projets, y compris dans une période de forte croissance, il finit par produire des opérations intriinsèques. On pratique des LBO en cascade, parce que les institutions n'aspirent qu'à prêter encore plus, afin d'augmenterle rendement de l'épargne qui leur est confiée. Le diagnostic est sans appel. La finance devient l'inverse de ce qu'elle devrait être: elle pompe le profit général provenant d'une création de richesse réelle, elle le maintient à l'intérieur de ses propres mécanismes, elle l'empêche de se rediriger vers l'activité et surtout vers les investissements internationaux. La finance ne peut compenser par sa logique les aberrations du système. Pire, elle aura tendance à les amplifier, à en ramifier les conséquences. Trop d'argent dans les rouages crée trop de bébéfices pour la finance. La réglementation des rémunérations n'a pas grand sens. Le seul point d'entrée est de limiter l'afflux de fonds."
Au sujet de la transparence:
"La recherche de la transparence a pour enjeu la paix. La non-transparence peut nous entraîner à la guerre, comme elle l'a fait dans les années 30."
"Le premier des acteurs devant se soumettre au principe de la transparence est bien le sommet du système : L'état"
Enfin et surtout un sujet tabou : "la décroissance"
"...nous prenons conscience de l'impasse de notre logique, qui deviendrait un terrible frein si toute la population humaine devait adopter notre mode de vie."
"Les américains sont contents, ils dévorent toujours plus, et s'ils s'arrêtent, s'il leur prend la sotte idée d'épargner, toute la planète commence à tousser. Poussons jusqu'à l'absurde: il faudrait que les riches cessent de travailler parce que le travail est une perte de temps en matière de consommation. Quand on travaille on ne dépense pas. Quel dommage ! On ne propose pas assez de débouchés au peuple des esclaves, en bas, dans la soute, qui vit mieux quand nous mangeons davatage. La mondialisation comme on la rêverait, celle que défendent dans un bel ensemble syndicats, patrons et politiques des pays développés: plus nous deviendront riches, plus nous aideront les pays pauvres, plus ils s'enrichiront."
"La toute première impasse provient de notre beau style de vie à l'occidentale. Paradis à toutes les heures et absurdité presque infinie: concentration des populations dans des cités gigantesques, transports incessants des masses laborieuses, engorgement quotidien de toutes les périphéries urbaines...utilisation de techniques intensives, chimiques ou mécaniques, maniées par quelques minoritaires..."
Il s'agit, ni plus ni moins, de toucher au dogme et de se mettre autour de la table et de ne pas s'écarter de cette idée: arrêter la croissance, fonctionner en marche arrière pendant un certain temps, regarder quelles en seraient les conséquences, ne pas les repousser, mais voir comment les gérer, au mieux.
"PROFITONS de l'urgence écologique, entendue par la population, profitons-en pour inventer le nouveau modèle, celui qui permettrait d'anticiper le déclin irrémédiable de la domination de l'Occident. Pensons à la vraie réduction du PIB, à une croissance négative durable, mais gérée, pour qu'en découle u autre modèle, plus extensible, plus universel, que pourraient s'approprier les générations futures de la planète entière."
Il y a beaucoup d'autres passages très forts dans ce livre brulôt .... alors n'attendez pas lisez le, faites vous votre opinion et tirez en les conséquences ...

jeudi 13 mai 2010

Scupidité ? Intelligence Collective ? qui l'emportera des deux ?

Je ne vais pas revenir sur cette désormais fameuse notion d'Intelligence Collective. Je vous laisse lire sa définition sur wikipédia ou encore lire cet excellent document de Jean-François Noubel sur les différents types d'Intelligence Collective: Intelligence collective, la révolution invisible.
Mais la "scupidité" c'est quoi ?  hé bien comme son nom l'indique ce néologisme mêle la cupidité et la stupidité.
Une définition (qui aurait toute sa place dans le dico du futur d'Anne-Caroline Paucot) pourrait être:
"La Scupidité est une caractéristique, une propension latente des hommes qui provient sans doute de la peur ancestrale de manquer, peut-être de la peur de la mort. Cette caractéristique est le résultat de la cupidité individuelle (aussi collective) qui a atteint son apogée à la fin du 20ème siècle et qui a conduit à une stupidité collective que nous vivons aujourd'hui et pour encore quelques années. Elle résulte aussi d'un monde dans lequel la recherche de "l'être" (plutôt que de "l'avoir"), du sens et de la spiritualité est passé au deuxième voire au dernier plan, un monde dans lequel l'émerveillement, le questionnement et le mystère sont devenus absents pour une trop large majorité de personnes."
ali-baba-et-les-40-voleu-ii06-g.jpgElle devient évidente lorsque l'on n'agit plus que pour avoir et qu'il faut avoir pour pouvoir agir... la boucle est bouclée.  
Dit autrement et au travers d'exemples:
je travaille pour avoir de l'argent ... et sans argent ou sans assez d'argent je ne peux rien faire
je m'exprime pour avoir un nouveau mandat politique, il me faut un (ou plusieurs) mandat pour agir
La scupidité s'exprime et se traduit par l'accumulation (de biens, de mandats, d'argent ...) bien au delà du nécessaire, du suffisant au détriment du collectif, des biens communs, de l'environnement.
Cette scupidité nous a conduit a des comportements collectifs abberrants, destructeurs et stupides en dépit du bon sens. Pour n'en citer que quelques-uns récents ou non:
- la marée noire en cours près de la Louisianne qui aurait pu être évitée si BP (comme toutes les autres entreprises) ne pensait pas uniquement en terme de profits) et si les règlements avaient été plus stricts.
- la crise monétaire et le système monétaire actuel qui conduit à laisser des populations dans la misère et d'autres dans l'accumulation
- la destruction des Indiens d'amérique
- destruction de la biodiversité (forêt amazonie, abeilles en danger, ...etc)
Heureusement si l'on en croit cet excellent article et le MIT l'avenir de l'humanité repose sur l'intelligence collective et sur la technologie son support de développement. Par ailleurs cette intelligence collective s'accroit de manière exponentielle ... gardons l'espoir! plus que quelques années (mois ?) avant d'atteindre le point de bascule qui nous fera basculer de la scupidité vers l'Intelligence Collective. Sinon gare !  l'intelligence artificielle supplantera l'intelligence collective !

"L'intelligence artificielle se definit comme le contraire de la bêtise naturelle." Woody Allen
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