mercredi 19 août 2009

FlowPlace: un pas microscopique pour l'humanité, un grand pas pour les hommes

Il est des événements qui passent inaperçus ou quasi inaperçus et d'autres auxquels on ne peut échapper... Ce fameux pas sur la Lune dont on a fêté les 40 ans... qu'a-t-il changé pour chacun d'entre nous, dans nos vies quotidiennes ?
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Voici ce qu'écrivait à propos de l'aventure lunaire Primo Levi le 27 décembre 1968 (extrait de l'ouvrage "Le Fabriquant de Miroirs") :
"Cette Primo%2520Levi.jpgentreprise du vol lunaire est une mise à l'épreuve, d'autres nous attendent, ouvrages du courage et de l'intelligence, et qui nous concernent bien autrement parce qu'elles sont nécessaires à notre propre survie: des entreprises contre la faim, la misère et la douleur. Celles-là aussi, puisqu'elles le peuvent, doivent être accomplies."  
Un de ces ouvrages du courage et de l'intelligence dont parle Primo Levi est en train de s'accomplir. Certes il demeure quasi invisible pour la plupart. Mais il n'est pas le seul de ce type. L'empreinte, si petite et encore fragile soit-elle, est bien là. Elle va désormais s'agrandir et se ramifier. Elle va aussi se relier, se connecter avec d'autres petites empreintes.
La portée de ce qui commence à s'accomplir ne se mesurera que dans les 10 à 20 prochaines années, son impact sera sans commune mesure avec l'aventure lunaire :  il sera palpable pour tous les hommes, au quotidien et ceci rapidement désormais.

Mais au fait de quoi s'agit-il ? c'est quoi cet ouvrage, cette empreinte, ce "FlowPlace" ?
Je vous invite dans un premier temps à aller lire l'article du Monde paru hier "Créer des monnaies par millions" et à retenir la conclusion de ce même article, petite phrase de Jean-François Noubel:
"Le processus est énorme, il est dans l'air, il est en train d'arriver. On va déposséder les banques du pouvoir de faire la monnaie.".
Puis dans un deuxième temps d'aller vous rendre compte par vous même de cette petite empreinte, encore très imparfaite, qui est visible sur internet, à laquelle vous pouvez d'ores et déjà participer.

Le "Flowplace" est là pour permettre a des richesses de s'échanger au travers de monnaies multiples que vous pourrez et allez créer...
Merci à Jean-François et à tous les autres (ils sont nombreux et je ne les connais pas tous) qui ont de part le monde creusé cette première empreinte réelle et symbolique.

jeudi 18 juin 2009

2009-2020 ... petite histoire d'Aurélie et ses 5 monnaies




En 2009 et 2010:
usdollar07.jpgLa crise n’est pas encore appelée « La Grande Crise ». Aurélie, 49 ans, vit à Saint-Etienne elle vient d’être mise à la porte de l’entreprise dans laquelle elle était en charge du service import/export. L’entreprise industrielle fera faillite en 2010.
Reclassement, chômage, aides diverses… rien n’y fait Aurélie ne retrouve pas d’emploi salarié. Difficile de vivre et même survivre dans un monde ou l’Euro est de plus en plus rare et difficile à gagner et ou tout est conçu pour consommer et dépenser facilement… Pourtant Aurélie est riche de son temps, de son énergie, des compétences accumulées, de son réseau relationnel, de sa culture…

Pour pallier à l’effondrement du système bancaire mondial et à la faillite de nombreux états (Islande, UK, USA, Espagne…) des monnaies jusqu’alors embryonnaires ont commencé à proliférer de part le monde. Le monopole de la création monétaire, qui relevait du système bancaire jusqu’en 2010, est tombé.

De 2011 à 2019:
Les nouvelles monnaies, des millions, portées par des régions, des entreprises, des villages ou des communautés permettent à des richesses de continuer à s’échanger. Les transactions monétaires se font pour la plupart par le biais du téléphone et d’internet. Les systèmes bancaire, monétaire et capitaliste mutent et sont transformés en une multitude de systèmes complexes et instables. A partir de 2015/2016 des modèles d'organisation et de vie plus stables, des valeurs nouvelles émmergent dans différentes régions et au sein de quelques communautés. La pauvreté commence à reculer sensiblement dès 2019.

Aujourd’hui, en 2020:

Aurélie a 60 ans, elle vit près de Lille et a plusieurs activités dont elle tire beaucoup de bonheur et de joies. Celles-ci lui permettent de bien vivre et aussi de contribuer au développement de ses proches, voisins et amis.
Pendant « La Grande Crise » (2008-2018) elle a appris à utiliser, à jongler même, avec 5 monnaies différentes :

==>    La plus ancienne de ces monnaies, l’Euro, elle ne l’utilise que lorsqu’elle voyage. Hormis la très maigre retraite en euros qu’elle perçoit de l’Europe, pour Aurélie l’euro est une monnaie de dépense uniquement. Elle doit souvent convertir des « Chtis » (la monnaie de la région Nord) lorsqu’elle voyage en dehors de la région, en train la plupart du temps.

==>    Les Chtis, c’est sa monnaie régionale, elle en gagne en prenant soin de plusieurs personnes très âgées 4 demi-journées par semaine soit à leur domicile soit dans une maison de vie ouverte sur la ville. (voir aussi ici, et encore )

==>    Le compagnon d’Aurélie, Alex, possède un petit jardin de Noé dont la production dépasse largement leurs besoins. C’est Aurélie qui se charge de la vente des légumes. La monnaie utilisée c’est l’AMAP qui au départ n’était qu’une monnaie transrégionale d’achat et vente de fruits et légumes et qui désormais est très souvent utilisé dans tout le secteur alimentaire. Les boulangers, la plupart des commerçants et certains artisans l’acceptent et ce dans toutes les régions francophones et même dans quelques régions voisines (Grand Londres, pays frontaliers.)

==>    Dans son petit village près de Lille, le conseil municipal a décidé il y a très peu de temps de lancer sa propre monnaie locale, le SOL comme dans beaucoup d’autres villages. Aurélie l’a utilisé au début pour voir. Elle en a gagné en rendant quelques services (garde d’enfants et cours d’anglais), mais le problème c’est qu’elle ne peut les dépenser que dans son village. Elle a plutôt tendance à privilégier les autres monnaies qui sont plus courantes et acceptées.
Pour les monnaies il y a une sorte de concurrence et il y a une prime aux plus anciennes qui ont émergées entre 2010 et 2015 et qui se sont largement répandues tant les besoins en matière d’échange de richesses étaient importants et non satisfaits.

Pour tous ces échanges monétaires Aurélie utilise à 90% son « connecteur » une sorte de téléphone/ordinateur de poche qui sert à la fois à payer et à percevoir. C’est très simple, tout fonctionne par reconnaissance vocale mais certaines personnes (surtout des jeunes) commencent à se faire implanter ce petit appareil qui, entre autre chose, alerte directement le cerveau lorsque certaines limites de crédit ou seuils sont proches d’être atteints ou atteints. Pour Aurélie il n’est pas question de se le faire implanter même si cela pourrait être pratique pour ce qui concerne la vérification de son ton taux de cholestérol. Aurélie ne va jamais à la banque, d’ailleurs celles-ci depuis la Grande Crise sont en voie de disparition…

Enfin il y a l’UNIV et l’AURA qui sont beaucoup plus qu’une monnaie. Au départ il existait une multitude de monnaies dites de réputation ou recommandation, de remerciement ou de bonus qui circulaient sur internet et aussi via le téléphone portable auprès de différents sites et services (Facebook, eBay, Amazon, Air Europe, …) ou à l’initiative de chacun.
Depuis 6 mois des standards « d’interopérabilité » font que tout est converti automatiquement en « UNIV ». Pour augmenter son compte en UNIV c’est simple il suffit de commenter, donner un avis aussi bien sur des produits ou des services (publics ou non) que sur des personnes, des lieux, des idées. Tout est calculé et convertit automatiquement via internet à partir du langage naturel, des écrits (commentaires, votes…) ou des achats que l’on effectue. Les comptes « UNIV » de tout le monde sont visibles par tous. On peut aussi donner des UNIV a qui l’on veut. A partir de ses gains et de ses dons en UNIV est calculé selon un algorithme universel l’AURA de chacun. L’AURA est composée d’une couleur, d’une tendance et d’un historique qui indiquent le niveau de confiance que l’on peut avoir en quelqu’un.

vendredi 20 février 2009

Le "Twollar" vous connaissez ?

20.02.2009

Le "Twollar" vous connaissez ?

C'est ludique, c'est une monnaie de remerciement, cela fonctionne avec "Twitter", c'est "geek", web 2.0 ... mais c'est surtout et avant tout le symbole et précurseur de 4 tendances de fond extrêmement importantes et liées entre elles. Elles permettent de comprendre le monde nouveau en gestation qui naîtra de la crise systémique.
Même si vous n'êtes pas du tout adepte de twitter et du web ces quatre tendances vous concerneront très vite, plus vite que vous ne pouvez l'imaginer d'une façon ou d'une autre !
Voici l'un de ses fondateurs un anglais de 18 ans: Eiso Kant  (video pas exceptionnelle mais bon)

Allez sur le site pour découvrir . Le mieux c'est d'avoir un compte twitter pour expérimenter, mais à défaut vous pourrez au moins lire.
1) La vitesse de propagation, l'accélération
A ce jour il n'y a que 180 utilisateurs de twollar dans le monde. Si l'outil est amélioré, si les utilisateurs en comprennent encore plus rapidement l'intérêt il est très possible d'avoir un million d'utlisateurs voire plus avant la fin de l'année. A suivre de près dans les semaines qui viennent ...
Que ce soit pour la crise, les phénomènes d'adoption massive "à la facebook" ou le rythme des innovations technologiques nous sommes désormais en plein dans un modèle "exponentiel historique" qui remplace le "linéaire intuitif"
2) les monnaies complémentaires
Le twollar est un moyen de valoriser les échanges qui se font sur twitter. Chaque personne a la possibilité de donner et de recevoir à partir d'un crédit de 50 "twollars", plus il y a de monde sur twitter plus il y aura de twollars en circulation.
Là ou cette tendance est fondamentale c'est qu'elle permet de refondre les rapports humains ... il faut expérimenter pour comprendre ! (sinon allez à minima lire mes posts précédents sur les monnaies complémentaires)
3) La confiance retrouvée ou réinventée
Alors que la confiance dans nos systèmes politiques, économiques, d'entreprises, d'éducation... s'effrite ou s'effondre selon les cas il est important de retrouver ou réinventer des systèmes de confiance basés sur la durabilité, la simplicité, l'humilité, l'éthique et des valeurs humanistes partagées. Eiso Kant qui a rencontré "physiquement" son cofondateur pas plus tard qu'hier et le projet twollars qui réintroduit de la confiance et de l'éthique "vraie" en sont l'exemple même.
4) Le pouvoir de faire, de créer, et d'influer le monde
Ce qui était encore il n'y a que quelques années réservé à quelques élites ou à des corps de métier (professeurs/experts/artistes reconnus/journalistes/politiques...)  commence à se démocratiser très rapidement...si rapidement (cf point 1) que cela impose de recréer de la confiance (point 3) à une échelle plus locale ... notamment grâce aux monnaies complémentaires (cf point 2)

dimanche 8 février 2009

Vers des solutions non-conventionnelles ...

Cette semaine se tenait au Sénat la deuxième édition du forum "NetExplorateur".
Comme l'année dernière les organisateurs ont eu la bonne idée d'inviter leur "cousins", les Explorateurs du Web, et comme l'année dernière ce forum s'est révélé très, très intéressant. Quelques très bonnes photos ici.
Beaucoup de "pépites" venant du monde entier ont été présentées auprès d'un public composé en grande partie de cadres et managers d'entreprises. Les 100 pojets/solutions sélectionnés sont sur le site.
Trois points importants à retenir:
western_011.gif1) La pépite des pépites était à mon avis et sans conteste les clés de compréhension, tendances, que le sociologue Bernard Cathelat nous a brillament présentées. Malheureusement les slides ne sont pas disponibles, l'audio (la vidéo ?) devrait l'être sur le site sous peu.
En quelques mots:
  • Il y a d'un coté le monde "réel" ou les valeurs: argent, pragmatisme, rationalisation, compétition, conformisme, méthode, ego, calcul  l'emportent et de l'autre le monde du Web où les valeurs d'altruisme, d'imagination, de plaisir, d'improvisation, de liberté, gratuité, communautés, d'intuition sont reines. D'un coté, c'est mon interprétation, une domination du "masculin", du cerveau gauche, de l'autre du "féminin", du cerveau droit.
  • Il y a le monde des élites (prêtres, savants, professeurs, intellectuels, journalistes, experts,politiques...) dont le monopole est en danger et le monde des citoyens dont les droits passent du droit "d'écouter les professeurs ou les journalistes", "droit de s'informer", "droit de libre pensée" (qui dépend du fameux temps de cerveau disponible une fois la télé éteinte !) au droit universel à la parole symbolisé par les BLOGS.
  • Il y a de plus en plus un divorce entre ces 2 mondes qui conduit à un style de vie schyzophrène avec des risques (stress numérique, échappatoire dans les mondes virtuels) ... et des opportunités.
  • Les enjeux :
    - Rapatrier les énergies psychiques exilées sur le web , ré-enrichir le réel à partir du virtuel, réinjecter du coopératif , de l'utopie dans le réel, bref "interfacer le réel et le virtuel"
    - La COMPLEMENTARITE de ces pôles plutôt que l'OPPOSITION
2) Parmi les lauréats 2 projets ont retenu mon attention:carrot-mob.jpg
a) CARROTMOB
Le projet prometteur qui montre qu'en s'organisant "par le bas", de simples citoyens peuvent aujourd'hui faire changer les choses pour peu qu'une propagation organique ait lieu. Je vous conseille la petite animation sur le site de CarrotMob.

b) Le gagnant : WIZZIT
Une solution de prêt en "peer to peer" via téléphone portable en Afrique du Sud. Ce projet est pertinent mais surtout annonciateur de solutions qui seront beaucoup plus non-conventionnelles (à l'image de carrotmob) dans le domaine de la finance et des monnaies complémentaires. J'ai fait le pari à Bernard Cathelat que l'année prochaine parmi les gagnants figurerait une solution apportant de véritables pistes pour sortir de la crise sans trop de dommages...
3) C'est Jacques Attali qui concluait les 2 journées. Il a surtout parlé de "l'extrême" gravité de la crise sans vraiment apporter de solutions concrêtes. Il a néanmoins signifié que les les technologies de l'information constituait l'une des voies pour en sortir tout en posant la question fondamentale: Comment éviter la période 1930/1945 et la montée des extrémismes ?A ce sujet, je vous renvoie vers mon précédent post sur les monnaies complémentaires et la présentation par Bernard Lietaer faite à Evry jeudi soir dans le cadre d'un projet SOL que celui-ci m'a envoyé et que je partage ici:

A noter que Bernard Lietaer vient d'hériter d'un important projet de monnaie complémentaire en Belgique (Walonie) et ne sera plus disponible pour des conférences avant plusieurs mois...

samedi 31 janvier 2009

L'un des sujets qui va exploser avec la crise

Alors que les entreprises et les politiques commencent à peine à se pencher sérieusement sur le phénomène des sites sociaux et du "Web 2.0" et à en considérer et mesurer ses implications pour eux mêmes et leurs institutions il est un autre enjeu d'intérêt à la fois mondial et local qui reste encore très largement méconnu des décideurs et du grand public et qui pourtant devrait faire l'objet de toutes les attentions surtout en cette période de crise systémique naissante.
Cet enjeu est celui de la monnaie ... plus exactement de la transition d'un système économique à monnaie unique et rare vers un système économique et social à monnaies multiples et complémentaires. Et oui ! difficile à avaler en Europe pour des décideurs qui ont tant oeuvré pour la mise en place d'une monnaie unique...
Pourtant il suffit de lire l'indispensable et brillant livre de Bernard LIETAER et Margit KENNEDY "MONNAIES REGIONALES" (paru sautomne 2008) pour se rendre compte que cela est indispensable non seulement pour sortir plus vite de la crise de notre système mais aussi pour transcender ce système et transformer les rapports humains.
Le livre est très riche mais il se lit d'une traite tant on apprend à propos des monnaies, de leur histoire et des expérimentations en cours dans de nombreux pays (en particulier le Japon). Les auteurs abordent aussi bien le pourquoi il faut des monnaies complémentaires que le comment les mettre en oeuvre tout en ayant l'humilité de dire que beaucoup reste à inventer et que les cartes sont dans les mains de "ceux qui expérimentent avec de nouvelles idées, qui bousculent l'indifférence, les préjugés, les habitudes et les clichés, qui provoquent les changements nécessaires dans notre monde pour éliminer la misère et la détresse qui nous entourent".
Voici quelques passages que j'ai particulièrement retenu (il y en aurait beaucoup d'autres et le mieux est de vous procurer l'ouvrage !) :

- Sur la globalisation vue par Georges Soros :
" Le commerce international et les marchés financiers globaux ont fait la preuve de leur capacité à créer de la richesse, mais ils ne sont pas en mesure de satisfaire un certain nombre de besoins sociaux. Parmi ceux-ci, on trouve le maintien de la paix, la réduction de la pauvreté, la protection de l'environnement, l'amélioration des conditions de travail,ou le respect des droits de l'homme: ce que l'on appelle, en somme, le bien commun."

- Sur les besoins d'une gouvernance nouvelle pour le 21ème siècle d'après Pierre Calame :
"Les systèmes actuels ont tendance à extraire beaucoup d'information d'une communauté, mais il est rare que ces informations lui soient rendues. Il sera donc nécessaire d'encourager la collecte et la diffusion de l'information appropriée à chaque échelle de gouvernance, y compris le local et le régional. De même, les autorités publiques doivent accepter et encourager la production autonome d'information aux différents niveaux parce que cela deviendra de plus en plus essentiel pour une démocratie fonctionnelle."

Tous les pays en voie de développement:
- "Nous n'assistons pas seulement à l'avènement, si souvent annoncé, de l'ère de l'information et de l'économie du savoir, nous commençons aussi à ressentir les effets de la fin de l'ère industrielle. C'est ainsi un problème de perspective qui se pose à nous tous, les pays dits "developpés" autant qu'à ceux en voie de développement. En bref, nous devons considérer tous les pays comme "en voie de développement" dans une ère postindustrielle."

Une globalisation qui détruit la diversité: (Jonathan Sacks)
- "Le monde n'est pas une machine. Il s'agit d'un écosystème complexe dont la diversité biologique, personnelle, culturelle et religieuse est indispensable à la vie. Toute atteinte portée à cette diversité, comme celles aujourd'hui préconisées par les fondamentalistes de marché, des scientistes ou des fondamentalistes religieux, constituerait un préjudice irréparable pour la richesse de notre vie collective et réduirait à ce point le champ de nos possibilités que le monde courrait à la catastrophe. A l'instar de la nature, les systèmes économiques, politiques et sociaux crées par les hommes, sont d'une grande complexité. Ils ont tendance à s'autogénérer et restent imprévisibles. Toute volonté de les contraindre à une uniformité artificielle, au nom d'exigences religieuses ou économiques, traduit une méconnaissance tragique de ce qui fonde la richesse de ces systèmes. Parce que nous sommes tous différents, chacun d'entre nous a sa contribution à apporter et chacune de ces contributions compte dans nos systèmes économiques, politiques et sociaux. Seuls nos instincts primaires nous amènent à voir dans la diversité une menace. A une époque telle que la nôtre, où les destins des hommes n'ont jamais été aussi liés, ces instincts sont inutiles. Si de telles différences devaient amener à la guerre, ce serait la défaite de tous les belligérants. Si, au contraire, elles contribuaient à l'enrichissement mutuel, tous y gagneraient."

Les tentatives de centralisation monétaire
franc.jpg- Tous les rois de France ont tenté de limiter le pouvoir monétaire des féodaux, soit par le rachat de ce droit, soit par l'usage de la force. Dans les dernières années du XIII ème siècle, le processus de centralisation monétaire était si bien avancé que le nombre de monnaies en circulation dans le royaume était déjà considérablement réduit: il en a résulté une récession économique massive qui dura près d'un siècle et demi et qui s'est accompagnée, au début du XIV ème siècle, des premières grandes famines. La population en a été à ce point affaiblie qu'elle n'a pas pu résister à la vague de peste noire.

Importance de la vitesse de circulation de la monnaie: (équation de Fisher)
E=QV
où E est l'activité économique, Q la quantité de monnaie en circulation et V sa vitesse de circulation. En ce moment si je comprends bien V diminue et les états jouent sur le "Q" en créant de la monnaie ... et de la dette pour essayer de rétablir E.

A propos de la crise :
...une des conséquences immédiates sera que la disponibilité des finances provenant du système bancaire va se rétrécir pendant une période plus longue que quiconque le désire, ce qui posera des problèmes de croissance - et même de survie - dans la plupart des secteurs productifs. Comme ce sont là des messages que ni les banquiers, ni les hommes politiques, n'ont évidemment, intérêt à annoncer, il vaut mieux rester un peu sceptique quand chaque amélioration temporaire est annoncée comme la "fin de la crise"... En effet, les gouvernements adorent la croissance parce qu'elle les dispense de devoir s'attaquer au problème épineux de l'inégalité des revenus. Comme l'expliquait Henry Wallich, gouverneur du Federal Reserve des Etats-Unis de 1974 à 1986: "la croissance est un substitut à l'égalité des revenus. Tant qu'il y a de la croissance, il y a de l'espoir, et cela rend tolérables les grands écarts de revenus." Tout cela rend plus urgente encore l'introduction de solutions nouvelles comme celle des monnaies régionales, qui permettent de s'attaquer à ces problèmes de façon plus ciblée que les méthodes traditionnelles.

Le principe de complémentarité :
il est relativement nouveau en économie, contrairement à ce qui est le cas en dans d'autres disciplines comme la physique, la biologie, la psychologie ou la philosophie, où sa conceptualisation est plus ancienne et son usage plus répandu. ... Les monnaies complémentaires remplissent des fonctions que les monnaies officielles ne sont pas en mesure de remplir ou qu'elles ne remplissent que partiellement.

Connecter des besoins insatisfaits avec des ressources sous-utilisées: (cela me fait penser aux restos du coeur)
Toute personne sans activité souhaitant proposer son savoir-faire est une ressource. (idem pour les places vides d'une salle de cinéma)
"Comme le pense l'auteur américain JP Barlow, qui se bat pour l'extension des droits civiques sur le cyberespace et s'est beaucoup intéressé aux modèles du futur, les relations seront beaucoup plus importantes dans l'économie du futur que la possession des biens eux-mêmes."

Georg Simmel (philosophe allemand):
"Les questions monétaires sont importantes non seulement pour des questions d'inflation ou de déflation, de taux de change fixes ou flottants, d'étalon-or ou de papier monnaie, mais elles déterminent aussi le type de société dans laquelle cet argent va opérer.

L'ère post-industrielle:
Elle va changer beaucoup de règles du jeu économique mondial. Ce n'est pas parce qu'un pays était parmi les plus "développés" au XXè siècle qu'il le sera également au XXIè siècle. Ainsi, quand la Chine refusa au XIXè siècle l'introduction des chemins de fer et les autres attribus "barbares" de l'industrialisation, elle se condamna de manière involontaire à devenir le plus grand pays sous développé du XXè siècle, erreur qu'elle est en train de rattraper seulement maintenant... La manière dont une société permettra ou non aux innovations de l'ère de l'information de pénétrer les divers strates de la société, de façon à la réformer, promet de jouer exactement le même rôle que les chemins de fer ou les aciériesdu XIXè siècle.

Le système WAT:(Japon)
Il n'est pas géré par un serveur: il n'y a pas, dans le système WAT, d'ordinateur central qui enregistre l'ensemble des transactions. Le modèle WAT est plutôt géré suivant le modèle peer to peer, dans lequel plusieurs ordinateurs administre le système au même niveau... il n'y a pas de bureau central, pas de coordination, donc pas de contrôle centralisé du système...même les particuliers ont le droit d'émettre leurs propres WAT, ce qui prouve l'extrême décentralisation du système ... Ce système est intéressant car il crée un réseau de confiance entre les membres... compte tenu de sa nature très décentralisée, le système s'étend rapidement dans tout le pays: on ne sait pas précisément combien de personnes sont effectivement membres. La création des tickets WAT figure parmi les méthodes de création monétaire les moins onéreuses.

220px-Joseph_Stiglitz.jpgJoseph Stiglitz:
"Lors des récessions précédentes, le débat typique entre experts était de décider s'il s'agissait d'une récession en forme de V (c'est à dire dure mais courte) ou en U (c'est à dire moins grave mais longue). Aujourd'hui, l'économie est entrée dans une récession qui se décrirait plutôt en forme de L. Elle est tombée bien bas, et va probablement rester à cette place encore longtemps ..."

Efficacité et résilience d'un écosystème:
On a prouvé rigoureusement que la nature n'optimise pas l'efficacité dans un écosystème naturel, mais assure une balance optimale entre deux pôles: l'efficacité d'une part, et la résilience de l'autre. Ces phénomènes sont à leur tour fonction de deux variables structurelles: la diversité et le nombre d'interconnections. Mais ces deux pôles sont antagonistes. La résilence augmente avec la diversité et le nombre d'interconnections. En revanche, l'efficacité est améliorée quand on réduit la diversité et qu'on élimine les connections moins importantes. Toutes ces variables ont pu être quantifiées dans les écosystèmes naturels. De plus, on a pu constater que, dans tout écosystème durable, la résilience est presque deux fois plus importante que l'efficacité... Les recherches sur les réseaux d'écosystèmes expliquent parfaitement pourquoi un système où l'efficacité a été poussée sans tenir compte de la résilience, est comdamné à s'écrouler.

William S Desmonde (anthropologue):
"La monnaie symbolisait la réciprocité entre les gens, ce qui les connectait émotionnellement avec leur communauté. La monnaie était à l'origine un symbole de leur âme."